À l’occasion du mois de mobilisation internationale contre le cancer du sein, je vous présente le témoignage d’Anais . A 26 ans, cette pétillante brune a déjà remporté une sacrée bataille, celle contre le cancer du sein. Elle nous parle dans cette interview de son combat contre le cancer du sein, de la découverte, à son quotidien avec la chimio, jusqu’à son opération et à sa vie après la maladie.
Rencontre avec un sacré bout de femme qui nous donne une belle leçon de courage et de force.
Anaïs Quemener son combat contre le cancer du sein
Hello Anaïs, peux-tu te présenter ?
Hello, je m’appelle Anaïs Quemener. J’ai 26 ans et suis aide-soignante à l’hôpital aux urgences, depuis 5 ans. C’est un métier que j’adore. Et de toute façon, il faut être passionnée pour faire ce genre de métier.
Je suis également passionnée de sport. Je fais de la course à pied depuis mes 8 ans et j’ai commencé la compétition à 15 ans.
Quelle place prend le sport dans ta vie ?
Une grande, grande place ! Cela fait 80% de mon quotidien. J’ai des horaires décalés avec le travail donc je peux m’entraîner tous les jours. En ce moment, je m’entraîne pour le 100km de Vendée en mai, une sacrée course.
Je m’entraîne deux heures par jour avec un coach pour petit à petit augmenter les distances.
Mais j’ai appris que le repos est important. Je fais donc attention à avoir un jour de repos, bien manger et surtout bien dormir.
Pourquoi ce défi ?
J’avais besoin de me lancer un nouveau défi car je sors d’un long combat contre le cancer du sein. J’ai subi ma dernière opération il y a deux mois. Je ne pouvais pas reprendre les compétitions de vitesse avec les cicatrices. Donc j’ai décidé de me relancer avec un challenge sur de la distance plutôt.
La découverte de son cancer du sein
Peux-tu nous parler de ton cancer du sein?
Alors ça a mis un petit moment à être détecté, plus d’une année. Je l’avais depuis mes 23 ans. A l’époque, j’avais remarqué que j’avais une petite boule dans le sein gauche.
Je suis donc allée voir des médecins qui m’ont dit que ce n’était pas grave et que c’était sûrement hormonale. Et qu’à mon âge, sans antécédent, il n’y avait pas de raison que cela soit quelque chose d’inquiètant .
En fait avant moi, ça n’avait jamais été détectée dans ma famille. Personne n’avait été touché dans ma famille. Mais depuis, deux cousines ont déclaré ce cancer avec le même gène et la même mutation.
Comme les médecins m’ont dit que ce n’était rien, je ne me suis pas inquiétée.
Six mois sont passés mais la boule continuait de grossir. Je suis donc retournée aller voir un médecin. J’ai fait un bilan sanguin mais tout était bon.
Six mois encore après, la boule continuait sa croissance et dépassait de mon soutien-gorge. J’ai insisté auprès d’un médecin qui travaillait avec moi pour savoir ce que c’était, même si cela était bénin. Ca ne faisait pas mal mais ça se voyait et devenait gênant.
J’ai donc fait une première échographie mammaire. Et c’est à ce moment, que le radiologue m’a fait comprendre que ce n’était pas très bon et qu’il fallait faire une biopsie en urgence.
A la radio, on observe que la masse dans mon sein fait 5 cm ! Et sous l’aisselle, mon ganglion s’est infecté et s’est transformé en balle de ping-pong. Je ne l’avais jamais senti avant de faire ces examens !
La veille de l’anniversaire de mon père, j’ai les résultats de la biopsie. J’ai un cancer de stade 3 avec des métastases ganglionnaires qui avaient déjà atteint le bras !
Je tombe de haut, je ne m’attendais tellement pas à ça ! J’ai 24 ans, je suis hyper sportive, j’ai une alimentation équilibrée et je suis en pleine forme. Je venais même de me classer dans la catégorie espoir pour les résultats de mon marathon !
A partir de là, tout va très vite. 10 jours après ces résultats, je me fais opérer pour insérer la plaque qui allait me permettre de commencer la chimio.
On m’a conseillé un hôpital loin de chez moi à Paris mais j’ai préféré être soignée près de chez moi. Je voulais rester entourée de ma famille, c’était le plus important.
La vie avec un cancer du sein
Peux-tu expliquer comment ça se passe la chimio ?
En fait, la chimio est un produit très agressif. Pour ne pas l’injecter directement dans les veines et que cela les abime, on nous opère en nous mettant comme une plaque sous la peau. Et c’est dans cette plaque que le produit est injecté pour aller ensuite dans le sang.
Toutes les trois semaines, je faisais deux jours de chimio. Le produit fait effet pendant 10 jours. Il y a deux jours très difficiles et après ça va un peu mieux.
Peux-tu nous expliquer les impacts de la chimio ?
Au début, ça allait car mentalement je voulais être forte. Au bout de trois semaines, ce qui est dur est que l’on commence à perdre ses cheveux. J’avais des cheveux jusqu’au milieu du dos. Et j’ai commencé à perdre de plus en plus de cheveux, par paquet !
Du coup, je les ai rasés. Au début, les gens pensaient que j’avais rasé volontairement mes cheveux. Mais, je suis vite devenue chauve.
Est-ce difficile pour la féminité de perdre ces cheveux ?
Tout le monde me disait que c’était difficile mais en fait ce n’est pas ça le plus dur. Le plus difficile, c’est surtout de se dire qu’on est malade. Les cheveux, ça repousse. Ce n’est pas vital. Aujourd’hui ils ont repoussé et je suis trop contente de pouvoir me lisser ma petite mèche le matin ! ahah
As-tu porté des perruques ?
Au début, mon papa voulait que j’en achète une. Il me disait que les cheveux étaient importants pour moi car cela fait partie de la féminité. Ma famille a insisté, j’ai donc acheté une perruque pour essayer. Mais en fait, je ne l’ai jamais portée !
Par contre, j’ai mis des foulards. J’en ai acheté de toutes les couleurs.
Pourquoi n’as-tu pas aimé la perruque ?
D’abord parce que ce n’est pas agréable, ça gratte. Et puis, ma perruque avait des cheveux raides et comme j’avais les cheveux bouclés, je trouvais que cela faisait complètement faux. Je ne me retrouvais pas. Et en plus, comme je suis très active à toujours gigoter, j’avais peur de me retrouver dans le métro avec la perruque de travers ahah
Ce qui lui a permis d’être forte
Tu parles de métro, as-tu continué à travailler et à vivre normalement pendant cette période ?
Alors non, je ne travaillais pas. Comme je n’avais plus de défenses immunitaires, je ne pouvais plus travailler à l’hôpital. J’ai continué à essayer d’avoir une vie normale mais j’étais très vite fatiguée. Mais j’avais besoin de rester active, de me bouger.
Tu as également continué le sport ?
Oh oui, j’en avais besoin. J’allais faire du sport tous les jours, soit courir et soit faire du vélo.
Mon père m’a beaucoup soutenue. Il me suivait tous les jours en vélo quand je courrais ou partais en vélo afin de veiller sur moi. Et il m’a même acheté un vélo d’appartement pour que je puisse me défouler chez moi, les jours de grosse fatigue.
Pourquoi as-tu continué le sport ?
Je ne pouvais pas rester chez moi à ne rien faire à rester. C’est le meilleur moyen pour trop penser et ne pas être bien. J’avais besoin de m’occuper.
Tu as senti que la chimio te changeait ?
Oui, ça m’affaiblissait énormément. J’avais comme des angines et ne pouvais pas manger ce que je voulais, Je ne pouvais ni manger chaud, ni froid.
La chimio détruit les mauvaises cellules mais aussi les bonnes. Mais bon ça marche. Grâce à la chimio, je suis là avec mes deux bras et mes deux jambes. Tout le monde était inquiet autour de moi pendant mon traitement, bien plus que moi. Alors que le cancer du sein se soigne bien. A la différence d’un coeur ou même d’un bras, ce n’est pas un organe vital. C’est difficile mais ça se soigne.
Qu’est ce qui t’a fait garder le mental ?
Je travaille dans le milieu hospitalier alors je sais qu’il y a plus grave. Mais je n’étais pas à plaindre car j’avais du monde autour de moi entre ma famille et mes amis. J’ai la chance d’être très bien entourée.
Un conseil pour les filles qui sont touchées ?
Le conseil que je pourrais donner est d’être bien entourée et d’avoir des activités. Il ne faut pas rester chez soi et s’enfermer. C’est le moment de faire tout ce dont on a envie et qu’on ne faisait pas car on ne prenait pas le temps.
Qu’as- tu fait par exemple ?
C’est tout bête, mais je ne prenais pas le temps de lire. Et je me suis mise à lire, ça a été un réel exutoire pour moi. Cette période de maladie m’a appris à prendre du temps pour moi, ce que je ne prenais pas forcément avant.
La vie après un cancer du sein
Qu’est-ce que ça a changé pour toi, maintenant que tu es soignée ?
Je dédramatise chaque situation de la vie quotidienne qui aurait pu me paraître difficile avant. Vu ce que j’ai vécu, je sais que ce n’est pas grave à côté. Je ne me prends plus la tête pour des bêtises. Si j’ai envie de faire quelque chose, je n’attends plus, je le fais.
Tu t’es fait retirer un sein, comment l’as-tu vécu ?
Cette cicatrice, c’est ma cicatrice de guerrière, elle fait partie de moi. C’est la preuve que j’ai gagné ce combat. Je l’ai même publié sur mon Instagram personnel car je voulais faire de la prévention auprès des femmes. A 24 ans, on ne se doute pas que l’on puisse avoir un cancer du sein. C’est important de se faire checker régulièrement. Si cela est pris à temps, cela se soigne plus facilement.
Depuis, tu as repris le sport, qu’est-ce qui a changé pour toi ?
Oui, j’ai repris la course et je prépare comme je vous le disais le 100km de Vendée.
Comme on m’a retiré tout mon sein puis réalisé une reconstruction mammaire, j’ai un équipement spécifique pour la poitrine. Je porte la marque Anita Active qui est spécialisée dans les soutien-gorges pour le sport. Ils ont une gamme spécifique pour les soins qui s’appelle Anita Care. C’est une super marque car ce sont des vrais soutien-gorges de sport. On voit la différence dans le maintien et dans le confort.
Un dernier conseil ?
Il faut foncer dans la vie, ne pas réfléchir quand on a envie de quelque chose. Nous n’avons qu’une vie !
Merci Anaïs pour ce beau et poignant témoignage. Cela nous rappelle à quel point nous devons prendre soin de nous et régulièrement se faire vérifier pour détecter à temps cette maladie.
Tu nous rappelles aussi à quel point, nous devons profiter de la vie et arrêter de nous plaindre pour des bêtises qui n’en valent pas la peine. Et surtout de foncer pour faire ce dont nous avons envie plutôt que d’attendre que la vie passe. Comme tu le dis si bien, la vie est courte et nous n’en avons qu’une seule ! Alors vivons !
Pour retrouver Anaïs, suivez-la sur son Instagram.